Le confinement me donne enfin l'occasion de concrétiser le projet de montage d'un vieux vélo en vitesses rétro-directes

Ce système, courant sur la période 1900-1930, et popularisé par les cycles Hirondelle de la manufacture de Saint-Étienne, permet 2 vitesses, l'une en pédalant en avant, et une vitesse de cote en pédalant en arrière.

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La roue arrière est dotée de deux roues libres indépendantes juxtaposées, avec un rapport de 1:1,6 environ. Le système est également décrit dans le livre « Pour le cycliste et le réparateur de vélos - technique de la bicyclette », une étude de 1947 par Paul Masson mise en ligne sur le site du SticK.

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La reconstitution de ce système se heurte à deux difficultés : trouver une roue libre de grand diamètre et installer ces deux roues libres côte à côte.

Après de nombreuses recherches, notamment du coté des roues libres industrielles, impossible de trouver la bonne pièce. Une roue libre sur mesure a donc été réalisée, à l'aide d'une roue-libre monovitesse, sur laquelle est ajusté un pignon 32 dents prélevé sur une vieille Maillard 5V. Ces vieilles roues libres sont plus adaptées, leurs pignons étant plus épais que sur les roues-libres multivitesses modernes.

Les dents de la roue libre ont été meulées, le pignon greffé et soudé par 4 points de TIG par l'ami métalo :

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La réunion des deux roues libres se fait en insérant entre les deux une coupelle de boitier de pédalier : moyeu arrière et boitier de pédalier traditionnels partagent en effet le même filetage, M34,925 x pas 1,058 à droite (1 3/8'' x 24 t.p.i). C'est très bien expliqué sur ce blog anglophone.

Un premier essai (pignon de renvoi fixe à 1/3 de la base) a vite révélé ses limites, avec des déraillements permanents, aussi bien au niveau des roues libres que du pignon de renvoi.

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vitesse-retro-directe-3.jpgLa raison principale de ces déraillements est le dévoiement important de la chaine, pour passer d'une roue-libre à l'autre. L'autre est liée au manque de tension de la chaine. On peut remédier au premier en rapprochant le pignon de renvoi du pédalier, et au deuxième en le montant sur ressort, comme une chape de dérailleur.

Également, il pourra être utile de tenter de rapprocher au maximum les 2 pignons arrières afin d'éviter un dévoiement trop important. A prévoir à la conception !

Le montage suivant est donc réalisé en piochant dans ma boite à pièces un vérin de hayon taré à 160N. Également, le pignon de renvoi est muni de 2 flasques en alu, afin de se prémunir des déraillements à ce niveau. Le vélo fonctionne, joie !

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A l'usage, le système est amusant mais se heurte à plusieurs inconvénients pratiques :

- impossible de manœuvrer le vélo à la main en marche arrière,

- impossible de remettre sa pédale en place au feu rouge (et oui, pas de roue libre vers l'arrière !),

- et enfin, usure prématurée des clavettes, dont l'insertion est prévue pour transmettre le couple dans un sens donné.

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Mais bon, tout cela n'est rien comparé à la satisfaction légitime de pouvoir avancer tout en pédalant en arrière.

A noter également que le brin de chaine inférieur, qui attaque la grande roue libre, frotte un peu la base. A corriger en tordant un peu tout ça.