Les éclisses collées la veille ont tranquillement séché toute la nuit. Il est temps de cintrer et poser les contre-éclisses.
1 - arasage des éclisses
Les éclisses sont mises à niveau, au canif, puis rabot puis lime fine (piquée par les luthiers aux mécanos).
Elles doivent affleurer le moule des deux côtés.
C'est propre ! A ce stade, on peut retirer la totalité des presses et démouler.
2 - démoulage
Facile ! On enlève tous les serre-joints et on gratte (canif, râpe, rifloir, papier de verre, selon ce que l'on a sous la main...) les quelques bouts de papier ciré qui ont pu adhérer à la colle au niveau du tasseau bas et du manche.
Ça commence à ressembler à un objet familier !
3 - remontage du moule
Pour pouvoir coller les contre-éclisses tout en laissant la guitare sur son moule, il nous faut remonter le moule, ce qui s'obtient facilement en clouant de petits taquets calibrés à 2 cm.
Une technique un peu plus raffinée consiste à utiliser un double moule, constitué de deux parties, et qui s'ampute d'une tranche au moment opportun.
4 - les contre-éclisses
Les contre-éclisses sont constituées d'une bande d'épicéa d'environ 4 x 12 mm, qui vient renforcer le bord de l'éclisse et surtout offrir une plus large surface de collage à la table et au fond.
L'épicéa se cintre difficilement (un bel exemple de contre-éclisse explosée à gauche) ; il faut le prendre bien de fil, le mouiller abondamment et bien le laisser chauffer sur le fer à cintrer.
Pour cette pièce, on préfère l'épicéa à l'érable car il s'agit du même bois que celui utilisé pour la table, ce qui limite le risque d'accident par la suite.
On commence par les deux éclisses côté table. Celles côté fond seront collées plus tard, quand la table sera collée et permettra de conserver la forme (le moule, lui, ne pouvant plus rester en place à ce moment).
Les deux contre-éclisses, qui sont parfois adaptées un peu à force (les aléas du cintrage...) sont collées et mises à sécher jusqu'au lendemain.
5 - mise à épaisseur de la table
La forme de la table est reportée sur notre feuille d'épicéa collée le premier jour et découpée à la scie à chantourner.
Puis la table est mise à son épaisseur maximale de 2,30 mm, au racloir (bien affûté et par passes de biais) et au papier de verre (collé sous un vieux rabot en fonte). Le racloir est plus efficace mais risque d'érafler la surface délicate de l'épicéa ; un simple copeau mal placé peut la griffer profondément.
La guitare originale de Grobert présente certaines variations d'épaisseur, de 1,90 à 2,30 mm, plus épais du côté des aigus (une constante sur les instruments à cordes). Celles-ci sont reportées sur la table. Quelques coups de racloirs seront encore nécessaires, mais on fera tout ça demain, plutôt.